observ laïc
Laïcité
FÉDÉRATION NATIONALE
DE LA LIBRE PENSÉE
Membre de
l’Association Internationale de la Libre Pensée (AILP)
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– COMMUNIQUÉ DE PRESSE –
La Fédération nationale de la Libre Pensée
a été auditionnée, le 6 février 2018,
par l’Observatoire de la Laïcité

Bien tout d’abord nous remercions une nouvelle fois l’Observatoire de la laïcité de nous auditionner. L’année dernière, c’était au mois de janvier et j’avais émis le vœu de vous revoir. Donc le vœu a été accompli, on peut s’en féliciter. Pour les préoccupations de la Libre Pensé aujourd’hui en matière de laïcité, si un jour les historiens se penchent sur la période, ils pourraient peut-être appeler cela la « période des paradoxes ». Parce qu’il y a un mélange de plein d’événements où on essaie d’imposer en fait un modèle unique. Je m’explique : l’année dernière nous avons eu à débattre de la loi Travail et du principe d’extension de la laïcité dans les entreprises privées. Notre position était celle d’un certain nombre de personnes, c’était que les entreprises privées ne relèvent pas du principe de laïcité et que c’est un phénomène qui relève des institutions, de l’intérêt général et des services publics. Mais on a vu que se développe une volonté de faire taire les opinions à la fois politique, religieuse, de différents types dans un certain nombre d’endroits. C’est un paradoxe, puisque on privatise de plus en plus le service public, on veut en faire quelque chose qui se rapproche des principes du privé et du libéralisme, et en même temps, on essaie d’étendre le principe de neutralité des institutions et de la laïcité à l’ensemble de la société et notamment aux entreprises privées, mais plus largement à la société.
La période des paradoxes

Un deuxième aspect que nous voudrions souligner, pour ne pas être trop long, c’est que là aussi il y a, nous semble-t-il, une inversion des choses. La laïcité a été conçue, du point de vue scolaire, du point de vue institutionnel, par les lois deJules Ferry, Goblet et par la loi de 1905 pour protéger le service public et la sphère publique de l’ingérence des religions. Parce que nous connaissions, du moins les anciens connaissaient l’utilisation de la religion dans le domaine politique, l’influence et la pression du religieux sur le politique. Aujourd’hui, nous assistons à une situation où c’est exactement l’inverse, en tous cas au moins en apparence. C’est le politique qui instrumentalise le religieux. Bien évidemment le religieux se laisse faire par une douce violence et « à l’insu de son plein gré », parce que cela l’intéresse.
Un cléricalisme inversé
Nous pensons qu’il y a une sensibilisation à faire auprès des Elus sur ces questions-là. De la même manière nous pensons qu’il ne serait peut-être pas inintéressant de suggérer à La Chaîne Parlementaire (LCP) donc à l’Assemblée nationale et au Sénat, des efforts didactiques et pédagogiques pour expliquer ce qu’est la laïcité et ce qu’elle n’est pas.
Autre aspect, nous sommes toujours autant préoccupés, parce que cela ne diminue pas, sur une campagne de systématisation de nos concitoyens qui sont présupposés arabo-musulmans. Et on voit bien les fractures qu’il y a, les campagnes médiatiques qui se mènent. Par exemple, nous sommes assez heurtés quand on présente un ancien Premier ministre, il n’est sûrement pas utile de rappeler le nom, parler de laïcité que lorsque cela concerne les musulmans et déclarer au Figaro, par exemple, que « s’il y avait un problème de laïcité avec l’Eglise catholique en France, cela se saurai ». Cela se sait d’ailleurs (rires), mais lui apparemment ne le sait pas. On a connu la laïcité plurielle, la laïcité nouvelle, etc. mais là, c’est la laïcité à géométrie variable selon les populations auxquelles cela est appliqué. Je sais quel’Observatoire à chaque fois explique ses positions là-dessus, mais je crois qu’il y a quand même un vrai problème.
La question des prières de rue

Autre aspect pour ne pas être trop long et permettre le débat, nous sommes aujourd’hui entrés dans une période de modification, de révision des lois sur la bioéthique. Il y a tout un aspect dans ces histoires-là qui concernent les libertés en générales et la laïcité en particulier. Nous avons demandé, la Fédération nationale de la Libre Pensée à être reçus par le Comité consultatif national d’éthique qui nous a répondu, il va nous recevoir, il faut qu’on lui formule une demande précise mais cela va être fait. Mais aussi par le Conseil économique, social et environnemental. Nous aimerions que l’Observatoire nous indique quel va être le rôle du CESE. Autant pour le Comité national consultatif d’éthique, nous comprenons bien son rôle dans le processus de révision des lois bioéthiques, mais nous n’avons réussi à trouver exactement le rôle que va occuper le CESE.
Les revendications de la Libre Pensée
en matière de révision des lois bioéthiques

Dernier point, qui pour nous est la reconnaissance d’un droit de l’Homme : on ne choisit pas de naître, on choisit plus ou moins de vivre et comment on vit, mais on devrait pouvoir choisir de mourir et des conditions dans lesquelles on doit mourir. Nous serions, nous, dans le cadre de la révision des lois bioéthiques, pour une reconnaissance d’une aide active à mourir. Pas simplement d’ailleurs sur une dépénalisation de ce que l’on appelle l’euthanasie. Nous sommes en train de faire une étude qui est assez intéressante historiquement qui montre que, quand l’IVG était pénalisée, il y avait moins de condamnations que quand elle a été correctionnalisée en 1923. Le taux de relaxe par les cours pénales jusqu’en 1923 était de l’ordre de 70%. Et c’est le gouvernement avec la fameuse loi de 1920 et la loi de 1923 qui a correctionnalisé l’IVG et le taux de relaxe est tombé à 19%. C’est assez peu connu. Ce qui veut dire que la dépénalisation ne règle pas tout. Je ne parle pas bien sûr du régimede Vichy et de la loi à ce sujet prise alors, mais nous sommes nous, pas seulement pour la dépénalisation de l’aide active à mourir, mais pour sa reconnaissance, bien sûr son encadrement, cela va sans dire.
Voilà le plus rapidement possible ce que nous souhaitions dire.
Pour connaître les réponses de l’Observatoire de la Laïcité, les réponses de la Libre Pensée aux questions posées, il suffira de se reporter au Rapport qu’établira prochainement l’Observatoire.
La Libre Pensée aussi souhaité que l’Observatoire de la laïcité étudie la question du Bouddhisme en France, où cette religion de près d’un million de fidèles, s’est totalement intégrée dans la loi de 1905 et les associations cultuelles et a fait construire des bâtiments religieux (pagodes) sans aucun recours à des fonds publics. Il y aurait là, sans doute, des enseignements à reprendre dans le débat sur l’Islam.
En dernier lieu, nous avons aussi saisi l’Observatoire de la laïcité du projet des Eglises chrétiennes d’Alsace-Moselle de rendre obligatoire la participation des élèves à l’enseignement des religions, alors que cette participation s’effondre à tous les niveaux d’instruction. L’Observatoire va étudier cette question.